Rétablir les courtes peines de prison, et supprimer l’obligation d’aménagement, où comment favoriser la récidive

Je lis avec effroi certains députés se féliciter d'avoir fait adopter une proposition de loi visant à rétablir les courtes peines de prison et à supprimer l'aménagement de peine. Cette proposition est présentée comme un moyen d'assurer "des peines de prison effectives".

Alors là, les bras m'en tombent. C'est méconnaître la réalité judiciaire, et méconnaître les ravages de la prison.

Il est documenté depuis des années que l'enfermement, qu'il soit court ou long, n'est pas une solution pour la lutte contre la récidive.

Il est documenté depuis des années que l'emprisonnement brise les liens familiaux et le parcours professionnel, et constitue une fabrique de la récidive.

Rappelons la base. Une grande étude a été réalisée en 2012 sur cette question de la récidive, les résultats sont reportés par le Figaro sur ce lien. Eh bien c'est simple: parmi les personnes ayant purgé une peine inférieure à 6 mois, 62% avaient récidivé. Pour celles ayant effectué entre un an et moins de deux ans, le taux est de 64%. En revanche, seulement 37% des détenus ayant purgé une peine de cinq ans et plus avaient récidivé dans les cinq années suivant leur libération.

Autrement dit, plus la peine est courte, plus le risque de récidive est important !

Je me souviens avec tristesse du moment où les vendeurs de tour Eiffel étaient interpelés à la chaîne et jugés en comparution immédiate. Souvent, il s'agissait de sans papiers, qui vivaient de la débrouille - mais avaient un casier judiciaire vierge. Ils partaient quelques semaines en détention. Ils perdaient leur logement. A la sortie, ils se retrouvaient dans une précarité encore plus importante...

A l'heure de la surpopulation carcérale, il n'y a aucune fierté à vouloir encore aggraver la situation, et à déplacer le débat. Si l'on veut éviter la récidive, il faut sensibiliser, former et prévenir.