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  • Photo du rédacteurPierre Lebriquir

Rediffusion : L'avocat dans les affaires de violences au sein du couple

Ces derniers mois, j'ai eu l'occasion d'intervenir dans un certain nombre d'affaires de violences, notamment de violences au sein du couple. Pourquoi faire appel à un avocat?

Souvent, les coups ne causent pas de séquelles à vie. Souvent, on n'en est pas loin.

Ainsi, jeudi dernier : une femme qui donne plusieurs coups de couteau à son mari, à la jambe et au bras ; un homme qui poignarde sa femme dans le ventre ; un homme qui roue son épouse de coups. Dans ces dossiers, le pire a été évité, puisque les blessures physiques guériront, et se refermeront. Reste la question des blessures morales.

Souvent, la victime des coups n'a pas conscience de la gravité des faits, ou du moins occulte cette gravité par l'amour qu'elle porte à l'auteur des coups.

Les magistrats le savent. Ils savent que la justice ne peut révolutionner les choses, et doit se contenter de faire prendre conscience - de tenter de faire prendre conscience - du fait que nous sommes passés à quelques centimètres du drame.

Aussi, il est fondamentalement différent de se défendre seul ou d'être assisté par un avocat. L'auteur des faits, ou la victime, parlent en leur nom propre ; l'avocat crée une distance et un lien avec les magistrats. Ils n'a pas vécu les faits, mais il les raconte, et plaide dans l'intérêt de son client, c'est-à-dire avant tout en droit. Il apporte un regard complémentaire. Il peut faire part de son malaise lorsque la victime dit que ce qui lui est arrivé, "ce n'est pas grave", et qu'elle l'aime. Alors que si, c'est grave.

Se défendre seul, c'est exposer au magistrat la violence des faits et, dans la plupart des cas, la contradiction avec un supposé amour ; être assisté d'un avocat, c'est faire appel à quelqu'un qui raconte les choses différemment, tente d'expliquer cette contradiction, et fait son maximum pour peser sur la décision de justice.

Dans le cas d'une victime, c'est oeuvrer pour que la qualité de victime soit reconnue, que celle-ci obtienne des dommages-intérêts et la prise en charge des frais qu'elle a dû avancer pour la défense de ses intérêts.

Dans le cas d'un auteur, c'est se pencher sur le dossier, discuter ce qui est discutable, soulever le doute lorsqu'il y en a un, pour que seule la vérité soit débattue devant le juge.

Article publié initialement le 25 septembre 2013

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